Petit conte philosophique qui porte l’attention sur le prix des formations, sur ce qu’on croit être juste ou pas.

Un jour, un homme qui, comme tant d’autres, avait beaucoup étudié et acquis beaucoup de connaissances, arriva auprès de Maître de Faria et lui dit :
– L’enseignement que vous donnez est faux !
Maître de Faria, qui avait vu à qui il avait affaire, ne chercha pas à discuter, il enleva sa bague et dit :
-Tiens, prends cette bague en or massif, va au marché et vends-la trois cents francs.
Curieux, l’homme pris la bague et s’en alla au marché. Il y avait là toutes sortes de marchands : des fleuristes, des épiciers… Il leur proposa la bague. Certains lui en offrirent trente francs, d’autres cinquante, mais aucun n’en voulut pour trois cents francs.
Il s’en retourna alors chez Maître de Faria :
– Voilà ta bague, lui dit-il. On m’en a proposé trente francs, cinquante francs, mais personne n’en a voulu au prix que tu m’as indiqué. Cette bague est comme ton enseignement : fausse.
Maître de Faria, toujours courtois, lui dit :
– Reprends la bague et va chez le bijoutier au coin de la rue, demande-lui combien il en donne.
L’homme, décidé à aller jusqu’au bout de l’affaire, repris la bague et l’apporta chez le bijoutier, qui après l’avoir examinée, en proposa trois mille francs.
Notre homme revint faire part à Maître de Faria de l’offre du bijoutier. Le maître lui dit alors :
– Vois-tu, tu es comme les marchands sur le marché : tu ne connais pas la valeur de l’or et des pierres précieuses. Si tu veux connaître le prix de la bague, il te faut devenir bijoutier. Il en est de même de l’enseignement que je donne : pour savoir ce qu’il vaut, pour être capable de porter un jugement, il faut d’abord l’étudier.
De plus, quand quelqu’un parle de l’enseignement, qu’il en dise du bien ou du mal, c’est toujours de lui-même qu’il parle.